
Pourquoi l’Alliance des États du Sahel devient incontournable en Afrique de l’Ouest ?
L’Afrique de l’Ouest est à un tournant décisif où l’histoire impose aux nations de choisir entre la stagnation et l’audace, entre le maintien d’un ordre dépassé et l’émergence d’une souveraineté assumée. L’Alliance des États du Sahel n’est pas une simple alternative, elle est une nécessité, une réponse aux échecs répétés d’une intégration régionale qui n’a su ni protéger ses peuples ni garantir leur développement.
Les pays qui la composent ont fait face seuls aux menaces qui ravagent le Sahel tandis que les grandes organisations détournaient le regard ou imposaient des décisions contraires aux intérêts des populations. La sécurité ne peut être un concept théorique ni un privilège réservé aux puissances établies, elle est un droit fondamental et l’AES incarne cette prise de responsabilité qui trop longtemps a été déléguée à d’autres.
La CEDEAO a failli, non par manque de moyens mais par absence de vision, préférant la soumission aux puissances extérieures plutôt que la consolidation d’une unité africaine authentique. L’AES ne se construit pas dans l’opposition mais dans l’affirmation d’une Afrique qui refuse d’être spectatrice de son propre destin, qui refuse d’être l’échiquier sur lequel d’autres jouent.
Les alliances ne peuvent être dictées par des intérêts qui ne sont pas les nôtres, elles doivent être le fruit de décisions souveraines où chaque État retrouve son rôle et sa dignité. L’AES est un levier stratégique pour une refondation politique et économique où la richesse des nations sert d’abord leurs propres citoyens.
L’Afrique a été trop longtemps le terrain d’expérimentations géopolitiques où des solutions importées ont tenté d’éteindre des crises qu’elles avaient contribué à provoquer. L’AES vient briser cette logique pour proposer un modèle enraciné dans les réalités de la région, où la défense collective s’appuie sur une coopération militaire efficace, où l’économie se libère des dépendances imposées, où la diplomatie s’ouvre à un monde multipolaire et non plus limité à des partenaires historiques dictant leurs conditions.
Il n’y a pas de rébellion dans cette démarche, seulement un choix assumé de reprendre le contrôle sur ce qui nous appartient, une volonté de ne plus quémander mais de bâtir avec les moyens dont nous disposons. Loin d’être un repli, c’est une expansion des possibles où chaque nation retrouve sa voix et sa force.
Les menaces existent mais elles ne sont pas une fatalité, elles sont l’occasion de démontrer que l’Afrique n’a pas vocation à suivre un chemin tracé par d’autres mais à redessiner les contours de sa propre puissance.
Ceux qui s’inquiètent de l’émergence de l’AES ne craignent pas sa faiblesse mais bien son succès, ils ne redoutent pas un isolement mais une autonomie, ils ne combattent pas un danger mais une indépendance retrouvée.
L’AES ne demande ni permission ni validation, elle s’impose par sa cohérence et son ambition, elle se construit par des choix responsables et elle s’affirme par une légitimité que seule l’histoire viendra consacrer.
Nasrallah BELKHAYATE