
USA : Quand la Chine avait déjà tout prévu !
La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine n’a pas surpris Pékin. Depuis plus de vingt ans, les dirigeants chinois sous le leadership stratégique de Xi Jinping s’y préparent avec méthode. Ils ont compris très tôt que l’hégémonie américaine ne serait pas éternelle. Ils ont aussi anticipé qu’un jour, Washington verrait en eux un rival à contenir plutôt qu’un partenaire à intégrer.
Cette guerre n’est pas née avec Donald Trump. Elle est le résultat d’un affrontement plus large. Elle oppose une puissance installée à une autre qui monte. Elle oppose deux modèles : l’un basé sur le libre-échange dominé par l’Occident, l’autre fondé sur un capitalisme d’État structuré et stratégique.
Pour se préparer, la Chine a bâti une stratégie de résilience. Elle a accumulé des réserves de change considérables. Elle a diversifié ses marchés, investi en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie. Elle a modernisé son industrie, renforcé ses technologies et réduit sa dépendance à l’Occident. Le plan Made in China 2025 a été la pierre angulaire de cette transformation.
Quand Trump a déclenché la guerre tarifaire, Pékin n’a pas reculé. Au contraire, elle a accéléré. La Chine savait que ce moment viendrait. Elle avait déjà lancé ses propres chaînes de valeur. Elle investissait dans les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, l’aéronautique, les énergies propres. Elle savait que l’avenir se jouerait dans ces domaines.
En parallèle, la Chine a développé une stratégie diplomatique et commerciale ambitieuse. L’Initiative des Nouvelles Routes de la Soie n’est pas qu’un projet logistique. C’est une réponse à l’ordre mondial dominé par les puissances atlantiques. En construisant des ports, des routes et des lignes ferroviaires, Pékin a redessiné les cartes du commerce mondial.
Sur le plan monétaire, la Chine a aussi agi. Elle a renforcé l’usage du yuan à l’international. Elle a signé des accords de swap avec de nombreuses banques centrales. Elle a lancé le yuan numérique et augmenté ses réserves d’or. L’objectif est clair : réduire la dépendance au dollar et créer un système financier plus autonome.
Politiquement, la Chine a répondu par la voix de Xi Jinping. Il a insisté sur la multipolarité, sur le respect des souverainetés et sur la réforme de la gouvernance mondiale. Ce discours trouve un écho croissant dans le Sud global, lassé par les injonctions occidentales.
La Chine n’a pas gagné toutes les batailles, mais elle a renforcé sa position. Elle a consolidé son industrie, son influence et sa diplomatie. Elle a démontré qu’elle pouvait encaisser les coups sans vaciller.
Et surtout, elle détient une arme silencieuse : plus de 700 milliards de dollars en bons du Trésor américain. Ce levier est trop souvent négligé par Washington. Pourtant, il représente une vulnérabilité majeure. En cas de tensions accrues, Pékin pourrait l’utiliser pour déstabiliser les marchés.
Enfin, au-delà des chiffres et des stratégies, la Chine a gagné quelque chose de plus profond : la confiance d’une partie du monde. Grâce à la cohérence de sa politique, à son attachement au multilatéralisme et à une diplomatie respectueuse, elle est devenue une alternative crédible à l’unilatéralisme américain.
Et si cela ne suffisait pas, elle dispose d’une seconde arme redoutable : la puissance de l’or. L’or, comme valeur refuge, comme symbole de stabilité, comme bouclier contre les tempêtes monétaires. Pékin l’a compris mieux que quiconque. Car dans un monde en crise, celui qui détient l’or ne suit plus le marché : il l’impose.
Une chose est sure. La réalité d’une superpuissance géopolitique se révèle désormais aux yeux du monde.
Nasrallah Belkhayate