
Réhabilitons les Droits de l’Africanité dans le Monde !
Nous parlons encore. Nous dénonçons encore. Nous revendiquons encore. Mais les droits de l’Africanité en Europe restent en suspens, figés dans un statu quo où les promesses remplacent l’action, où les discours camouflent l’inaction, où l’on célèbre la diversité sans jamais lui accorder la place qu’elle mérite dans les textes de loi.
Et pourtant, nous savons que c’est par la loi que l’Histoire change, que c’est par la loi que l’injustice est brisée, que c’est par la loi que l’on consacre la dignité d’un peuple et son droit à exister pleinement. Alors, assez de médiatisation sans lendemain. Assez de colloques sans suite. Assez d’indignation sans réforme.
L’Africanité en Europe ne peut plus se contenter de survivre dans les marges des décisions politiques. Elle doit s’imposer dans les hémicycles. Elle doit s’écrire dans les constitutions. Elle doit trouver sa voix dans la politique, car c’est par la politique que l’on fait tomber les barrières et que l’on construit un monde où la citoyenneté africaine en Europe ne sera plus un éternel combat, mais un droit incontestable.
Jacques Chirac disait : « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. » Ne nous laissons plus enfermer dans des promesses creuses.
Alors, ne demandons plus. Exigeons. Ne plaidons plus. Imposons. Ne réclamons plus. Écrivons nous-mêmes les lois qui consacreront la place de l’Africanité en Europe et dans le monde.
Pour cela, nous devons cesser d’être de simples spectateurs d’un système qui décide pour nous. Nous devons entrer dans l’arène. Former une génération d’acteurs politiques issus de la diaspora. Des femmes et des hommes qui ne se battent pas seulement pour être acceptés, mais pour gouverner, pour légiférer, pour transformer.
Et pour que ces lois prennent vie, nous devons récompenser celles et ceux qui osent porter ces combats dans les institutions. Honorer ceux qui ne craignent pas d’inscrire l’Africanité dans les lois européennes. Encourager ceux qui votent en faveur d’un monde plus juste. Car ce ne sont ni les grands discours, ni les événements médiatiques qui changent une société.
Ce sont les textes de loi. Albert Camus nous rappelle : « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. » Nommons donc cette injustice. Changeons-la dans les textes. Inscrivons nos droits dans la législation pour que plus jamais la diaspora africaine ne soit reléguée à la marge.
Tant que ces textes continueront d’ignorer notre réalité, notre lutte restera vaine. Alors faisons de la politique notre priorité. Faisons des lois notre terrain de bataille. Faisons des institutions notre nouvelle terre d’Africanité, car l’avenir ne se mendie pas, il s’écrit. Victor Hugo disait : « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue. »
L’heure de l’Africanité politique a sonné. Nous avons trop attendu. Trop espéré. Trop dénoncé. Il est temps d’écrire notre propre législation. Il est temps de graver notre héritage dans les fondements mêmes des nations où nous vivons. Il est temps que l’Africanité devienne une force législative incontournable.
Cela commence aujourd’hui. Par notre engagement total et irréversible dans la politique. Car c’est là que se joue notre véritable avenir.
Alors, vous, Femmes d’Afrique, retroussez vos manches et engagez un nouveau match. Ce match ne se joue plus dans la revendication sans action, mais dans l’écriture de lois justes et équitables. L’Africanité en Europe ne doit plus être un simple concept culturel, elle doit être une réalité juridique, économique et politique.
Comme l’a si bien dit Sa Majesté le Roi Mohammed VI : « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. » Cette confiance passe par notre engagement, par notre détermination à ne plus être seulement des figures symboliques de la diversité, mais des actrices majeures du changement.
Le combat n’est pas seulement social, il est législatif. Il est temps de transformer nos luttes en textes de loi, de nous imposer dans les hémicycles et de faire entendre notre voix là où les décisions se prennent. Léopold Sédar Senghor nous rappelait que « La démocratie, c’est un état d’esprit avant d’être une structure. »
Changeons donc les mentalités en imposant des politiques qui reconnaissent pleinement les droits de l’Africanité. Cela passe par l’éducation, l’accès au travail, la représentativité dans les médias, l’égalité des chances et la fin des discriminations systémiques.
Nous devons également reconnaître et honorer ceux qui, en Europe, soutiennent cette cause. Car comme le disait Amadou Hampâté Bâ : « Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle. »
Ne laissons pas disparaître ces valeurs et ces combats sans leur donner une existence légale et durable. L’histoire de l’Afrique et de sa diaspora ne doit plus être racontée uniquement à travers des luttes et des souffrances, mais aussi à travers des victoires politiques et institutionnelles.
Récemment, avec une forte mobilisation de plus de 1000 membres de la diaspora et admirablement orchestrée par Rachida Kaaout, présidente du Haut Commissariat des Diasporas, la Fondation Trophée de l’Africanité a honoré à cette occasion des personnalités engagées dans ce sens.
En effet le 15 décembre 2024, à la Maison de la Chimie à Paris, lors des États Généraux des Diasporas Africaines, le président Emmanuel Macron a reçu le Trophée d’Honneur de l’Africanité. Cette distinction, décernée par la Fondation Trophée de l’Africanité, vient saluer son engagement en faveur du renforcement des relations entre la France et l’Afrique.
Parmi les initiatives mises en avant figurent la restitution d’œuvres d’art africaines, l’évolution du franc CFA en Afrique de l’Ouest et le lancement de la Saison Africa 2020, mettant en lumière la diversité culturelle du continent. La cérémonie a également honoré plusieurs personnalités pour leur contribution au rayonnement de l’identité africaine.
L’objectif ultime est donc de faire évoluer les lois en faveur des droits de l’Africanité. Plus que jamais, l’intelligence collective de la diaspora se positionne comme une force motrice, capable d’inspirer le changement et de défendre cette cause avec détermination !
Nasrallah BELKHAYATE