
Quelle est la Vision de SM le Roi Mohammed VI sur le Plan d’Autonomie du Sahara ?
La vision de SM le Roi Mohammed VI pour le Sahara est indissociable de la notion d’intégrité territoriale du Maroc et de la promotion d’un plan d’autonomie comme solution unique et réaliste à ce différend régional. Cette approche a guidé une offensive diplomatique efficace visant à rallier un soutien international croissant.
1. Le Plan d’Autonomie comme « seule solution »
Le Roi Mohammed VI positionne le plan d’autonomie, présenté en 2007 aux Nations Unies, comme la seule voie crédible, sérieuse et réaliste pour résoudre le conflit du Sahara.
- Arguments avancés :
- Le plan offre une solution de compromis qui respecte les spécificités de la région tout en garantissant la souveraineté marocaine. Il propose aux habitants du Sahara une large autonomie sous la souveraineté du Maroc, avec une gestion de leurs propres affaires locales, économiques et sociales.
- Le Maroc rejette l’option d’un référendum d’autodétermination dans sa forme classique, arguant de son irréalisme et de son inapplicabilité sur le terrain, notamment en raison des difficultés liées à l’identification du corps électoral (qui sont les Sahraouis éligibles à voter). Selon la vision marocaine, cette option est considérée comme obsolète et potentiellement génératrice d’instabilité, contrairement à l’autonomie qui est présentée comme une solution pragmatique et constructive pour la paix régionale.
- Les discours royaux soulignent que cette initiative découle d’une conviction profonde que le Maroc est capable d’offrir une solution durable et de développer la région dans un cadre de souveraineté et d’unité nationale.
2. La souveraineté marocaine et l’intégrité territoriale
La vision royale ancre fermement le plan d’autonomie dans le cadre de la pleine souveraineté du Maroc sur son Sahara et son intégrité territoriale. Il ne s’agit pas d’une concession sur la marocanité du Sahara, mais d’une proposition de décentralisation avancée.
- Défense sur la scène internationale :
- Le Roi Mohammed VI a clairement affirmé que le dossier du Sahara est le « prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international » et le critère de « la sincérité des amitiés et la fiabilité des partenariats » (Discours du 20 août 2022). Cette position indique que tout soutien à la marocanité du Sahara est perçu comme un gage de partenariat fort avec le Royaume.
- La diplomatie marocaine travaille activement à faire reconnaître cette position. Les discours royaux rappellent constamment le droit historique et légitime du Maroc sur ces territoires, conforté par la mobilisation populaire de la Marche Verte en 1975 et l’administration effective de la région.
3. L’initiative diplomatique stratégique
Le Maroc a mis en œuvre une stratégie diplomatique multidimensionnelle et respectée dans le monde pour rallier le soutien attendu à son plan d’autonomie.
- Stratégies mises en œuvre :
- Ouverture de consulats : L’ouverture de plus d’une trentaine de consulats de pays africains, arabes et d’autres régions du monde dans les villes de Laâyoune et Dakhla est une illustration concrète de cette stratégie. Ces ouvertures symbolisent une reconnaissance de facto de la souveraineté marocaine sur ces territoires et ancrent la présence marocaine dans une logique de coopération et de développement.
- Partenariats stratégiques : Le Maroc a renforcé ses partenariats avec des pays clés (États-Unis, Espagne, Allemagne, etc.) qui ont exprimé un soutien clair au plan d’autonomie. Il privilégie des relations bilatérales avec les pays qui adoptent une position favorable à son intégrité territoriale.
- Lobbying international : Le Royaume mène un lobbying soutenu au sein des organisations internationales (ONU, Union Africaine) pour faire avancer sa position et contrer les narratives adverses, en mettant en avant le caractère « sérieux et crédible » de son initiative.
4. Le développement socio-économique des provinces du Sud
Le Maroc a lancé d’ambitieux projets de développement dans les provinces du Sud, intégrant ces efforts économiques à sa vision politique et diplomatique.
- Intégration à la vision : Les investissements massifs dans les infrastructures (routes, ports comme Dakhla Atlantique, aéroports), l’énergie (éolien, solaire), la pêche, l’agriculture et les services sont présentés comme une preuve concrète de l’engagement du Maroc envers le bien-être des populations sahraouies.
- Preuve de l’engagement : Ce modèle de développement, doté de milliards de dollars, vise à faire de la région un hub économique vers l’Afrique subsaharienne. Il est mis en avant comme une démonstration de la capacité du Maroc à gérer et à développer le territoire, renforçant ainsi la légitimité de sa souveraineté et le caractère viable de son plan d’autonomie par rapport à un État indépendant.
5. La « victoire diplomatique » et ses indicateurs
Le Maroc met en avant plusieurs éléments concrets pour étayer sa « victoire diplomatique » sur le dossier du Sahara.
- Indicateurs concrets :
- Reconnaissance d’États clés : La reconnaissance par les États-Unis de la pleine souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020 a été un tournant majeur. Par la suite, l’Espagne et l’Allemagne, des partenaires européens importants, ont également apporté leur soutien au plan d’autonomie comme « base la plus sérieuse, réaliste et crédible » pour une solution. Plus d’une dizaine de pays européens ont adopté des positions favorables, et le nombre de pays africains et arabes ayant ouvert des consulats dans les provinces du Sud ne cesse de croître.
- Positions des Nations Unies : Les résolutions successives du Conseil de Sécurité de l’ONU appellent de plus en plus au réalisme et à l’esprit de compromis, qualifiant le plan d’autonomie de « sérieux et crédible », une formulation clé pour le Maroc. L’absence de mention du référendum dans les résolutions récentes est interprétée comme un affaiblissement de cette option.
- Érosion du soutien au Polisario : Le nombre de pays reconnaissant la « RASD » a diminué, et le Front Polisario est de plus en plus isolé sur la scène internationale, peinant à mobiliser des soutiens historiques.
6. Défis persistants et résilience de la position marocaine
Malgré ces avancées, la vision marocaine fait face à des obstacles persistants, mais le Maroc fait preuve de résilience diplomatique.
- Obstacles :
- Position de l’Algérie : L’Algérie reste le principal soutien du Front Polisario et continue de s’opposer fermement au plan d’autonomie, plaidant pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Cette opposition maintient la tension régionale.
- Subsistance du Front Polisario : Bien qu’affaibli diplomatiquement, le Front Polisario continue de revendiquer l’indépendance et mène des actions, notamment le long du mur de défense.
- Appels au référendum : Certains acteurs internationaux ou organisations continuent d’appeler à l’organisation d’un référendum, bien que leur voix soit moins influente dans les cercles décisionnels de l’ONU.
- Réponse marocaine : Le Maroc y répond par une stratégie de patience stratégique, de fermeté et de persuasion. Il refuse toute négociation en dehors du cadre de l’autonomie et maintient une pression diplomatique constante. La construction continue des infrastructures et le développement de la région sahraouie démontrent une volonté de consolider les faits sur le terrain et de rendre irréversible l’intégration des provinces du Sud au Royaume.
La vision du Roi Mohammed VI pour le Sahara est une stratégie intégrée qui combine développement économique local, offensive diplomatique soutenue et réaffirmation constante de la souveraineté. Elle a permis au Maroc d’obtenir des gains diplomatiques significatifs, positionnant le plan d’autonomie comme la solution privilégiée par une part croissante de la communauté internationale, malgré les défis persistants émanant de l’opposition.