Madame Nora Achahbar ou la fierté africaine

La ministre néerlandaise des Finances, Nora Achahbar, a démissionné pour protester contre le traitement politique des violences survenues le 7 novembre à Amsterdam, après un match opposant l’Ajax au Maccabi Tel Aviv. Originaire du Maroc et membre du parti de centre-droit Nouveau Contrat Social (NSC), elle a dénoncé des propos racistes tenus par certains de ses collègues et critiqué la stigmatisation des jeunes binationaux impliqués dans les émeutes, notamment leur association à des actes antisémites.

Cette décision marque son opposition à toute compromission idéologique avec le Parti pour la liberté (PVV) d’extrême droite, qui a proposé la déchéance de nationalité pour les émeutiers. La démission de Mme Achahbar exacerbe une crise au sein d’une coalition gouvernementale déjà fragile, composée du PVV, VVD, NSC, et BBB. La situation, aggravée par les débats parlementaires et un rapport officiel sur les incidents, met en lumière des tensions communautaires croissantes aux Pays-Bas et des divisions politiques profondes au sein de l’exécutif.

 

J’accuse ceux qui, sous prétexte de préserver une identité prétendument menacée, brandissent les armes du rejet et de la peur pour diviser, pour exclure, pour rabaisser. J’accuse les détracteurs de Madame Nora Achahbar, cette femme d’État brillante, dont le seul crime serait d’être née ailleurs, d’avoir une double appartenance, d’incarner la richesse d’une diversité que certains voudraient éradiquer. J’accuse ces politiciens, ces démagogues qui, en flattant les instincts les plus bas, cherchent à instrumentaliser la haine pour des calculs électoraux sordides. Ils osent s’attaquer non seulement à une personne, mais aussi à l’idéal d’une société juste, où chacun, quelle que soit son origine, puisse contribuer à l’édifice commun.

J’accuse cette coalition politique, gangrenée par des discours réactionnaires, d’avoir laissé un poison s’infiltrer dans les institutions. Ce poison n’est pas seulement une attaque contre Madame Achahbar, mais une attaque contre tout ce qu’elle représente : le courage, l’ouverture, et une vision moderne de la citoyenneté. Elle a été la cible parce qu’elle est une femme, parce qu’elle est d’origine marocaine, parce qu’elle a osé défendre des valeurs universelles face à des forces rétrogrades.

J’accuse le silence assourdissant de ceux qui auraient dû la soutenir, de ceux qui, par leur lâcheté, ont laissé la vindicte l’emporter sur la justice. En acceptant sa démission sans réagir, ces responsables ont trahi l’essence même de leur mandat : protéger les principes fondamentaux de la République. Où sont-ils, ces défenseurs autoproclamés des droits humains, lorsque les coups pleuvent sur une femme dont le seul tort a été de dénoncer l’inacceptable ?

J’accuse une société qui tolère encore que des discours haineux et des actes discriminatoires trouvent écho et légitimité. Une société qui, par complaisance ou indifférence, regarde s’effriter les piliers mêmes de la démocratie. Ce n’est pas seulement Madame Achahbar qui a été humiliée, c’est aussi l’idéal d’un vivre-ensemble harmonieux qui a été piétiné.

Et à vous, Madame Nora Achahbar, j’adresse un cri de solidarité. Votre démission n’est pas une fin, c’est un acte de résistance. Vous avez refusé de vous plier à l’injustice, et en cela, vous êtes devenue une lumière, une figure de proue pour tous ceux qui luttent contre les ténèbres de l’intolérance. Vous avez semé des graines de dignité, et nous serons nombreux à veiller à ce qu’elles fleurissent.

Car l’histoire jugera sévèrement ceux qui se sont tus, ceux qui ont laissé faire, ceux qui ont choisi la lâcheté. Mais elle retiendra votre courage. Elle retiendra que, face à la haine, vous avez tenu tête, que vous n’avez jamais renié vos convictions. Elle retiendra que votre départ a marqué un tournant, celui d’un sursaut collectif, celui d’une révolte contre l’injustice.

Je crois en un réveil. Je crois en la justice. Je crois en une société où plus jamais une femme ne sera réduite au silence parce qu’elle ose être elle-même, parce qu’elle ose se battre pour les autres. Et c’est ensemble que nous construirons cette société, en refusant de plier face à la haine, en défendant les valeurs que vous incarnez.

 

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