Par Dr Nasrallah Belkhayate, directeur du Centre de Recherche sur l ‘Africanité

Je vous parle aujourd’hui d’une guerre invisible. Une guerre sans missiles ni bombes. Une guerre silencieuse, menée dans les coffres-forts et les banques centrales. L’arme n’est ni numérique, ni nucléaire. Elle est millénaire. Elle s’appelle l’or.

La Chine l’a compris avant les autres. L’or n’est pas un vestige du passé. C’est l’avenir d’une souveraineté retrouvée. Le dollar repose sur la dette. L’or repose sur la confiance. Le dollar s’imprime. L’or se trouve, s’extrait, se conserve, se respecte.

Si Pékin décide demain d’adosser sa monnaie à l’or, ce ne sera pas un acte technique. Ce sera un séisme géopolitique. Un renversement de l’ordre mondial. Une attaque frontale contre l’empire monétaire américain.

L’or est un refuge pour les peuples, mais une arme pour les empires. Avec une monnaie-or, la Chine peut séduire les pays du Sud, rassurer les puissances émergentes, désarmer les sanctions occidentales et affaiblir la domination du système SWIFT.

Le vrai pouvoir n’est plus dans les taux d’intérêt. Il est dans la matière. Dans ce qui est palpable. Dans ce que les civilisations ont toujours gardé en réserve. Lorsque tout vacille, seule l’étincelle de l’or reste stable.

L’Afrique regarde l’Occident pour obtenir des prêts. La Chine regarde l’Afrique pour sécuriser son or. Pékin ne prête pas des illusions. Elle investit dans des actifs tangibles. Elle prépare un monde sans dollar. Elle bâtit une alternative crédible. Une sphère multipolaire autour du yuan-or.

À ceux qui pensent que c’est impossible, je dis : regardez l’histoire. Tous les empires ont tremblé le jour où l’or a changé de mains. Demain, l’or pourrait parler mandarin. Demain, les transactions Sud-Sud pourraient s’écrire en or, et non plus en devises fragiles.

L’Amérique craint les missiles chinois. Elle devrait craindre leurs lingots. Demain, le silence des lingots pèsera plus que le bruit des drones. Car l’or ne discute pas. Il impose. Il sécurise. Il attire. Il domine.

Le futur de la guerre économique n’est pas fait de sanctions numériques, mais de coffres remplis d’or. Le futur de l’équilibre mondial se jouera dans les mines, pas dans les bourses. Le jour où la Chine dira au monde : « Payons en or », ce jour-là, le monde basculera.

Ce jour-là, l’Afrique devra choisir : rester dépendante des monnaies faibles ou rejoindre ceux qui osent adosser leurs rêves à l’or.