Lettre aux leaders de la diaspora africaine en France

À nos frères et sœurs éclairés, gardiens de la mémoire et bâtisseurs de l’avenir, « Tout citoyen doit agir comme s’il était l’auteur de la loi », écrivait Rousseau, et cette maxime nous interpelle : en France, terre des Lumières, les résidents africains sont exclus du droit de vote local, contrairement aux Européens, une contradiction que Voltaire qualifierait de « chimérique » dans son rejet de l’injustice.

Senghor, rappelant que « la culture est le fondement de l’émancipation », nous enseigne que cette exclusion trahit l’universalisme prétendu de la République.

Hampâté Bâ, dont la sagesse résonne – « En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » – nous avertit : notre silence brûlerait l’héritage des luttes passées.

Rousseau ajoute : « Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme », et c’est ce renoncement que nous refusons.

Pour triompher, agissons avec la rigueur des Lumières et la patience de la palabre : forgeons des alliances, comme Voltaire qui unissait les esprits contre l’oppression – « Je ne me battrai pas pour vos idées, mais pour votre droit à les exprimer » – en mobilisant avocats, médias et élus progressistes.

Investissons le débat par l’art, comme Senghor, pour qui « l’émotion esthétique » était une arme, et saisissons les tribunaux, car « les lois ne sont que la codification des rapports de force » (Rousseau).

À l’Europe, rappelons l’article 14 de sa Convention des droits de l’homme : « La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Convention doit être assurée, sans distinction aucune, notamment en raison du sexe, de la race, de la couleur, de la langue, de la religion, des opinions politiques ou de toute autre opinion, de l’origine nationale ou sociale, de l’appartenance à une minorité nationale, de la fortune, de la naissance ou de toute autre situation. »

Hampâté Bâ disait : « La paix est un pont que l’on construit chaque jour » ; bâtissons-le en dialoguant, non en adversaires, mais en partenaires exigeants.

Senghor nous y encourage : « Assimiler, non être assimilés ».

Comme Saint-Just proclamait « le bonheur, idée neuve en Europe », faisons de l’égalité une réalité neuve. « La volonté générale est toujours droite, mais le jugement qui la guide n’est pas toujours éclairé », disait Rousseau : éclairons-le par notre persévérance, notre légalité, notre dignité.

Chers leaders, la France ne changera pas seule : incarnons le changement, munis de la mémoire de nos aînés et de l’audace de l’avenir.

Orientons nous d’abord sur un droit qui attend notre bonne volonté mobilisatrice !

Avec respect et fraternité,

Nasrallah BELKHAYATE

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