
Le Nouveau Souffle de la Chine
Par Dr Nasrallah Belkhayate
En tant qu’observateur du tumulte du siècle et des civilisations en transition, je perçois dans la diplomatie chinoise un souffle nouveau, un vent discret mais décisif qui redessine, sans fracas, les lignes de l’histoire. Ce souffle n’est pas celui des tempêtes, mais des brises durables ; il ne balaie pas, il féconde.
Tandis que d’autres s’agitent, imposent, condamnent, la Chine, elle, médite, tisse, réunit. Sa récente visite au Cambodge, marquée par plus de trente accords et l’élévation d’un partenariat au rang de communauté d’avenir partagé à toute épreuve, est l’illustration parfaite de cette diplomatie patiente, enracinée dans la mémoire et tournée vers l’horizon.
Le lancement du dialogue stratégique « 2+2 » avec l’Indonésie confirme cette volonté de bâtir une architecture régionale qui conjugue sécurité, souveraineté et fraternité. Ce n’est pas une diplomatie d’expansion, c’est une diplomatie d’attention. Elle refuse les blocs, déjoue les confrontations, et réaffirme son attachement au multilatéralisme comme art du respect mutuel.
Ce souffle nouveau se fait aussi parole. Quand la langue chinoise est célébrée à l’ONU, ce n’est pas seulement un idiome que l’on salue, mais une vision du monde faite de nuances, de courbes, de silence habité. Là où certains hurlent leur puissance, la Chine propose sa présence.
Là où d’autres effacent pour s’imposer, elle éclaire sans s’imposer. Elle bâtit des routes, non pour s’imposer, mais pour relier ; elle signe des partenariats, non pour dominer, mais pour coexister. Ce que Pékin insuffle, c’est une nouvelle manière d’être fort : par la fidélité, par la constance, par la paix. Cette force tranquille, enracinée dans les montagnes de Laozi et dans la sagesse de Confucius, déconcerte les esprits pressés de notre époque, mais touche ceux qui savent écouter le long terme.
Et comment ne pas évoquer ici l’alliance exemplaire entre la Chine et le Maroc, deux civilisations millénaires qui avancent ensemble avec dignité, sérénité, et lucidité. Elles tracent un modèle rare de coopération équilibrée, unissant l’Afrique et l’Asie dans une même aspiration au respect, au partage, à la construction commune. Leur relation est la preuve vivante qu’un autre monde est possible : un monde multipolaire, fondé non sur la force, mais sur l’entente, non sur l’uniformité, mais sur l’harmonie.
Je le dis, moi, Nasrallah Belkhayate, témoin engagé de ce siècle incertain : dans un monde devenu tambour, la Chine est violon. Et dans ce nouveau souffle qu’elle inspire à la diplomatie, il y a peut-être, pour l’humanité tout entière, la promesse d’un siècle apaisé.