
Le Maroc, la Chine et la Mondialisation maîtrisée : Coopérer sans plier
Par Dr Nasrallah Belkhayate, chercheur spécialisé en Diplomatie Multilatérale
Alors que le monde bascule vers une mondialisation multipolaire, où les anciennes routes sont redessinées et les équilibres bousculés, le Maroc fait le choix de tracer sa propre voie. Dans cette recomposition des puissances, notre coopération avec la Chine n’est ni un alignement, ni une soumission. Elle est le fruit d’une stratégie claire : coopérer avec l’Est sans rompre avec l’Ouest. Travailler avec la Chine sans plier face à la pression européenne.
Nous ne sommes pas un terrain d’influence. Nous sommes un carrefour stratégique. Le premier pays d’Afrique du Nord à avoir intégré l’Initiative Belt and Road, le Maroc n’a jamais perdu de vue ses intérêts nationaux. Chaque projet, chaque accord signé avec la Chine — qu’il s’agisse du complexe industriel Mohammed VI Tangier Tech, des investissements dans les énergies renouvelables, ou des coopérations technologiques — est conçu selon un principe simple : le Maroc reste maître de ses choix, de ses ressources, de son avenir.
Car nous savons une chose : la mondialisation ne se subit pas, elle se négocie. Et nous avons choisi de la négocier en adultes souverains. Oui, nous travaillons avec Pékin. Mais nous le faisons selon nos termes, avec des objectifs précis : transfert de compétences, création d’emplois locaux, montée en gamme industrielle. Nous exigeons que chaque partenariat soit un levier pour notre développement, pas un piège.
Face à cela, certaines capitales européennes s’inquiètent, s’interrogent, parfois critiquent. Mais à ces inquiétudes, nous répondons par les faits. Le Maroc livre des résultats. Il attire les investissements, sécurise ses infrastructures, stabilise ses institutions, tout en renforçant sa voix sur la scène africaine et méditerranéenne.
La France, l’Allemagne, l’Espagne restent des partenaires importants. Mais le monde a changé.
Le Maroc n’est plus un simple spectateur de la transformation géopolitique mondiale ; il en est un acteur engagé, guidé par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Fidèle à l’esprit de sa diplomatie affirmée, le Royaume tend la main à ceux qui respectent sa souveraineté, tout en affirmant avec fermeté son droit à définir librement la forme de ses partenariats et de ses traités, conformément à la déclaration royale : ‘Notre diplomatie est claire : nous tendons la main à tous ceux qui respectent notre souveraineté. Nous ne fermons aucune porte, mais nous ne laisserons personne dicter la forme de nos traités diplomatiques.’
Dans un monde où la Chine devient un acteur central de la nouvelle économie mondiale, le Maroc préfère construire des partenariats exigeants plutôt que de subir des dépendances déguisées. Et dans cette logique, notre dialogue avec Pékin est un modèle : exigeant, équilibré, orienté vers les résultats.
La coopération Maroc-Chine n’est pas un glissement. C’est un positionnement. Et ce positionnement a un nom : la souveraineté constructive.