L’Afrique s’aligne sur la Chine pour un nouvel ordre mondial

Depuis 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges bilatéraux ayant dépassé les 282 milliards de dollars en 2023. À travers le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), Pékin a annoncé en 2024 un plan d’investissement de 50 milliards de dollars sur trois ans, répartis entre prêts préférentiels, aides publiques au développement et capitaux injectés dans des projets structurants.

Ce rapprochement ne relève pas d’un simple pragmatisme économique, mais d’une reconfiguration stratégique des équilibres internationaux. Dans un contexte marqué par la montée du protectionnisme américain et le repli de l’influence européenne, de nombreux États africains perçoivent dans la Chine un acteur global capable de proposer un cadre alternatif au système occidental.

La Chine n’impose ni modèle démocratique ni réforme institutionnelle. Elle s’inscrit dans une logique de respect des souverainetés nationales et d’intérêt mutuel. Cette approche séduit un continent en quête de financements rapides, d’infrastructures lourdes et de coopération technique.

D’importants projets ferroviaires, portuaires et énergétiques ont été lancés dans une vingtaine de pays africains, illustrant l’enracinement chinois dans le tissu économique local. Par ailleurs, Pékin a annoncé la création d’un million d’emplois en Afrique d’ici 2027, dans le cadre de partenariats industriels conjoints.

Cette promesse s’accompagne d’un renforcement du soft power chinois, notamment par l’implantation des « Ateliers Luban » et la montée en puissance de l’enseignement du mandarin dans les universités africaines. Ce dispositif d’influence repose sur une diplomatie discrète mais structurée, centrée sur la stabilité, la non-ingérence et la solidarité Sud-Sud.

Si certains observateurs alertent sur les déséquilibres commerciaux, l’accroissement de la dette ou la dépendance technologique, les dirigeants africains, eux, font le pari d’un multilatéralisme pragmatique. La Chine devient ainsi un contrepoids stratégique à l’Occident, au moment où l’Afrique entend diversifier ses partenariats.

Dans cette dynamique, l’Afrique n’est plus un objet de convoitise, mais un acteur actif du basculement mondial en cours. En s’alignant sur Pékin, elle cherche à se libérer d’un ordre hérité de la guerre froide pour co-construire un système international plus représentatif des équilibres du XXIᵉ siècle.

À ce jour, plus de 80 000 jeunes Africains poursuivent leurs études dans les universités chinoises, notamment dans les domaines des nouvelles technologies, de l’intelligence artificielle et de l’ingénierie. Leur ambition : contribuer à la modernisation de leurs pays et mieux tirer parti de l’expérience industrielle chinoise.

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