LA CHINE DE 2020 par Gabriel BANON

  2020, c’est demain, et les dernières technologies auront permis au pouvoir chinois de mettre en place une organisation de collecte d’informations et des systèmes statistiques uniques au monde. En Occident on aurait appelé cette organisation, un contrôle des masses et une censure intraitable.

  Mais nous ne sommes pas en Occident et la civilisation chinoise, vieille de plusieurs siècles, n’a jamais mis en avant l’individu, c’est la collectivité qui est au centre de toutes les attentions. À l’opposé de l’Europe, les droits de l’Homme passent après les intérêts de la collectivité.

Aussi, en Chine, le contrôle de la population, autrement dit la censure, à atteint un niveau nulle part égalée, grâce à la reconnaissance vocale et celle de l’image. 

Comme tous les régimes autoritaires, le parti unique chinois ne tolère aucune concurrence idéologique, particulièrement celle des Religions. Je les cite : « La religion est une source d’autorité et un objet de fidélité plus puissants que ceux dus à  l’État. »  Ces caractéristiques de la religion ont toujours provoqué l’anathème des régimes autoritaires. Mais les Chinois ne le ressentent pas ainsi. Le travail est une bénédiction qui leur permet d’être utiles à la collectivité. Si la collecte des informations va permettre de mieux gérer l’ensemble, que cela soit ainsi. On ne peut que constater que  la Chine est devenue progressivement un État développé d’ors et déjà, dans une partie significative de son territoire. Les salaires augmentent régulièrement et les productions bon marché ont été délocalisées vers d’autres pays comme le Bangladesh. 

En 2018, la Chine disposait de près de 200 millions de caméras de surveillance ; elle prévoit d’en installer450 millions d’ici 2020. L’objectif est de mettre en place une « plate-forme coordonnée d’opérations mixtes » qui intégrera en temps réel les données des caméras de surveillance dotées de technologies de reconnaissance faciale, les numéros de cartes d’identité, les données biométriques, les numéros de plaques d’immatriculation et l’information sur le propriétaire du véhicule, les données de santé, le planning familial, les données bancaires, le casier judiciaire, toute trace d’ « activité inhabituelle » ainsi que toute donnée individuelle pertinente comme les pratiques religieuses, les voyages à l’étranger. Les caméras devinent qui sont les passants dans la rue. La Chine est le pays le plus en pointe pour la reconnaissance faciale. C’est un pays où le respect de l’ordre est dans les fondements de la société, et qui a développé un système où la technologie est au service de l’encadrement des citoyens. Pour les Occidentaux c’est l’horreur, pour les Chinois, c’est l’efficacité pour le bien du peuple.

L’Internet en Chine est sous le contrôle du Parti communiste chinois, et l’exercice d’une censure rigoureuse a été déléguée à l’Administration chinoise du cyberespace (CAC) établie en 2014. Il existe un accord tacite entre le peuple et le pouvoir : Je m’occupe de votre bien-être, du développement du pays et vous ne vous occupaient pas de politique. Cela fonctionne ainsi jusqu’à aujourd’hui. Que sera demain, c’est difficile d’émettre une hypothèse, tellement l’âme chinoise est impénétrable.

Le pays se modernise à marches forcées, il a inauguré récemment la plus grande ligne TGV au monde (2300 kms).

 J’ai encore dans les oreilles cet avertissement de mon père, vieux de plus d’un demi siècle : « La Chine est un monstre qui dort, surtout ne le réveillez pas. » J’avais rapporté l’anecdote à Alain Peyrefitte qui travaillait alors à son livre sur la Chine. Quelques semaines plus tard, il me téléphone : «  je me suis inspiré des propos de votre père et je vais intituler mon livre : Quand la Chine se réveillera, le monde tremblera. »

  La Chine s’est réveillée et bouscule l’ordre mondial. Il y eu l’ère américaine qui tire à sa fin, attendons-nous à vivre demain sous l’ère chinoise.

 

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