Ibn Battouta, ambassadeur de la Route de la Soie par Dr Nasrallah Belkhayate

La Route de la Soie n’était pas seulement un réseau commercial ; elle était l’âme vivante du monde multipolaire, un chemin où circulaient marchandises, idées, religions, arts et savoirs. Bien avant l’ère moderne, elle reliait les empires chinois, perses, arabes, indiens, africains et européens dans une dynamique d’échanges fondée sur l’interdépendance et le respect mutuel.
Les exemples en témoignent : c’est par la Route de la Soie que le papier chinois atteignit Bagdad au VIIIᵉ siècle, nourrissant la grande révolution intellectuelle arabe. C’est par ses chemins que le bouddhisme voyagea d’Inde jusqu’en Chine, influençant la spiritualité et l’art chinois. C’est encore par elle que les verres de Venise et les soieries de Chine se croisèrent, transformant les esthétiques du monde eurasien.
Les savants musulmans traduisirent les connaissances grecques, tandis que la Chine diffusa ses innovations en imprimerie, boussole, et poudre à canon, révolutionnant la technologie mondiale.
Parmi les figures emblématiques de cet échange universel, Ibn Battouta apparaît comme le véritable ambassadeur de la Route de la Soie.
Parti de Tanger, il parcourut plus de 120 000 kilomètres au XIVᵉ siècle, traversant l’Afrique du Nord, l’Égypte, la Perse, l’Inde, l’Asie centrale jusqu’à atteindre la Chine impériale sous la dynastie Yuan. Dans ses récits, il s’émerveille des villes prospères de Chine, des marchés regorgeant de trésors venus des confins du monde, et de l’accueil respectueux réservé aux étrangers.
Son témoignage est précieux :
“La Chine est le plus sûr et le plus beau pays pour le voyageur. Les gens y honorent les étrangers et la justice y règne sur les marchés comme dans les palais.”
Par ses pas, Ibn Battouta ne fit pas que traverser des continents : il incarna l’esprit même de la Route de la Soie, ce lien vivant entre les peuples, les cultures et les savoirs.
Ainsi, la Route de la Soie nous enseigne que le monde ne progresse pas par la domination d’un seul, mais par la rencontre féconde de plusieurs. Non pas dans l’affrontement des puissances, mais dans le dialogue des civilisations où commerce, science et spiritualité circulent librement.
À l’heure où renaissent les tensions globales, ce legs ancestral nous rappelle une évidence oubliée :
On l’aura compris : notre histoire est un témoin vivant qui éclaire la voie du monde de demain.

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