RECOMMANDATIONS IMRI : « Géopolitique du Maroc dans un nouvel ordre mondial en crise » En partenariat avec la Fondation Hanns Seidel 21 et 22 Juin 2019 –

J’ai le plaisir de vous informer que le Forum annuel de l’IMRI qui s’est déroulé les 21 et 22 Juin 2019 à l’Hôtel Lido Casablanca a connu un grand succès avec plus de 200 participants et des exposés de haut niveau des intervenants programmés qui étaient tous présent.

.Jawad Kerdoudi

Président de l’IMRI

 

Le but de ce Forum était de faire un état des lieux de la situation actuelle des relations internationales et de réfléchir au positionnement du Maroc vis-à-vis de cette situation. Force est de constater que le monde vit une crise profonde à la fois sur le plan politique, économique, écologique et social.

Le premier panel a traité de la politique étrangère des Etats-Unis et son impact sur le nouvel ordre mondial. Depuis sa prise de fonctions en Janvier 2017, le Président Donald Trump a fortement marqué la politique étrangère des Etats-Unis. Mettant en œuvre son slogan de campagne « America First », il a sorti les Etats-Unis des Accords multilatéraux dont celui de Paris sur le changement climatique et l’Accord sur le nucléaire iranien. Il a en outre marqué sa défiance vis-à-vis des organisations internationales : ONU, OTAN, OMC. Au Moyen-Orient, il a accordé un soutien inconditionnel à Israël tout en se rapprochant des pays Arabes du Golfe, et en menant une guerre économique sans merci vis-à-vis de l’Iran, qui risque de se transformer en conflit armé. Enfin il a déclenché une guerre commerciale contre la Chine sans ménager les autres partenaires des Etats-Unis, avec le risque d’un impact négatif sur l’économie mondiale. Si la plupart des intervenants ont condamné cette politique dangereuse de Donald Trump, certains l’ont analysé comme la continuation des précédents présidents américains, et l’ont placé dans le cadre de la montée du nationalisme qui sévit actuellement dans plusieurs pays de la planète.

L’avenir de l’Union européenne a été le thème du deuxième panel. Cette Union avait suscité de grands espoirs à sa création, mais son avenir est plus mitigé du fait d’un fort mouvement eurosceptique, qui dénonce l’accaparement du pouvoir par les institutions de Bruxelles, et son inefficacité quant à la croissance économique et à la lutte contre l’immigration clandestine. Si le Brexit est jugé comme un mauvais point pour l’Union, d’autres intervenants ont souligné que cela peut être un moyen de renforcer son intégration. Valeur d’aujourd’hui, il n’y a aucune visibilité sur les modalités du Brexit dans l’attente de la formation d’un nouveau gouvernement britannique. En tous cas les dernières élections européennes n’ont pas donné la majorité aux partis d’extrême-droite, mais l’Union s’en est sortie avec une forte division qui va peser sur sa gouvernance future.

Le troisième panel a été consacré à l’Afrique et à la situation en Moyen-Orient. Longtemps considéré comme un continent sans avenir, l’Afrique a opéré un véritable décollage à partir des années 2000, et suscite l’intérêt des puissances étrangères. Disposant de plusieurs atouts : démographique, ressources naturelles, terres arables, elle doit relever également de grands défis : intégration politique et économique, développement des infrastructures, lutte contre la pauvreté, problèmes sécuritaires, gestion de la migration des populations vers les pays sud et nord de la Méditerranée. Le nouveau dynamisme de l’Union africaine a été relevé avec notamment le lancement de la zone de libre-échange continentale.

 

Quant au Moyen-Orient, la situation est caractérisée par de nombreux conflits notamment en Syrie et au Yémen, et par l’antagonisme de plus en plus dangereux entre les Etats-Unis et l’Iran. De nouvelles alliances sont nées : Etats-Unis/Israël/Pays-Arabes du Golfe contre l’Iran. De même que le sort de la Syrie est entre les mains de la Russie/Turquie/Iran. Aucune solution politique n’est actuellement envisagée pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

Au vu de cette situation de la scène internationale le Forum propose les recommandations suivantes concernant le positionnement du Maroc :

Au niveau des principes :

  • Primauté de la question du Sahara, pleine liberté en politique étrangère dans la prise des décisions, défense du multilatéralisme et des organisations internationales notamment l’OMC qui envisage une réforme de son organisation.
  • Politique dynamique en matière d’environnement et de lutte contre le terrorisme.
  • Traitement humanitaire de l’immigration et promotion d’un Islam modéré et tolérant.

Afrique :

  • Priorité des relations avec l’Afrique Subsaharienne sur tous les plans : politique, économique, social et culturel avec dans la mesure du possible une coopération tripartite.
  • Promouvoir le rôle essentiel de l’OCP dans la coopération maroco-africaine.
  • Ratification par le Parlement de la ZLEC et relance de l’adhésion du Maroc à la CEDEAO et de l’UMA en fonction de l’évolution de la situation politique en Algérie.
  • Contribution à une solution politique en Libye.

Europe :

  • Renforcement des relations avec l’Union européenne sur tous les plans en prenant toutes dispositions pour que le Maroc fasse partie du marché unique européen.
  • Relance du projet de « Liaison fixe » entre le Maroc et l’Espagne qui favorisera l’intégration Europe-Afrique.
  • Préparation des négociations avec le Royaume-Uni suite au Brexit.
  • Développement des relations avec la Russie dans le cadre de la diversification des partenaires économiques.

Amérique :

  • Développement des relations politiques et économiques avec les Etats-Unis tout en défendant la cause palestinienne, le multilatéralisme, et la lutte contre le changement climatique.
  • Prospection des marchés d’Amérique Centrale et du Sud et sensibilisation de ces pays sur la question du Sahara.

Moyen-Orient :

  • Neutralité dans le conflit Arabie Saoudite/Qatar et appui aux pays arabes du Golfe contre les menaces en provenance de l’Iran.
  • Soutien à la Cause palestinienne : solution à deux Etats avec Al Qods comme capitale de la Palestine sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité de l’ONU.
  • Contribution à une solution politique en Syrie et au Yémen.

Asie :

  • Promotion des investissements chinois au Maroc. La Chine doit faire l’objet d’une attention particulière du Maroc du fait qu’elle est déjà la seconde puissance économique de la planète, et qu’elle développe une politique à long terme à travers son projet des « Routes de la soie ».
  • Diversification et développement des relations avec le Japon, la Corée du Sud, et l’Inde qui vont constituer au cours du XXIème siècle avec la Chine les principaux acteurs de la croissance mondiale.

 

 

 

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