Diplomatie culturelle, pilier central pour la durabilité
Lors de cette rencontre, initiée sous le thème « La diplomatie culturelle, un levier du développement humain en Afrique », ils ont insisté sur l’importance de l’apport considérable de la culture, sous ses différents aspects et manifestations, au développement humain dans le Continent, notamment à travers le renforcement de la cohésion sociale, la création de richesses et de l’emploi au profit aussi bien des économies que des populations africaines.
Dans ce sens, l’ambassadeur du Niger à Rabat, Salissou Ada, a souligné que la diplomatie culturelle n’est pas un concept nouveau, car l’histoire de l’Humanité est faite, elle-même, de rencontres interculturelles, ajoutant que cette diplomatie n’a véritablement connu d’essor fulgurant qu’après la seconde guerre mondiale, avec le début des rivalités Est-Ouest.
Depuis lors, a indiqué M. Ada, la culture se trouve au cœur des luttes d’influence internationales, soulignant que la puissance d’un Etat, sur l’échiquier international, ne se mesure plus, du moins uniquement, à la force de son économie, de son pouvoir politique, militaire et stratégique, ou à la place occupée dans les instituts de gouvernance mondiale, mais aussi et surtout à la force de séduction et à l’influence de ses idées, de ses savoirs et de sa culture sur les sociétés.
Après avoir relevé que les Etats modernes, forts de la pertinence et de l’efficacité de la culture pour la promotion de la paix et l’affirmation de l’identité, ont fait le choix de l’inscrire au cœur de leurs programmes et stratégies de développement, il a reconnu la forte contribution des industries culturelles au développement économique et social des pays.
M. Ada a ainsi soutenu que le Niger croit fortement à la puissance de la diplomatie culturelle, comme vecteur de paix et de cohésion sociale, et facteur important au développement durable, d’où, a-t-il rappelé, les premiers accords de coopération nigéro-marocaine, qui datent de septembre 1967 et portant sur la coopération scientifique, culturelle et technique.
Affirmant que la coopération de son pays avec le Maroc dans les différents secteurs met le développement du capital humain au cœur de ses préoccupations, ce qui cadre parfaitement avec les Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI, qui souhaite donner un cachet particulier à la coopération Sud-Sud pour une Afrique émergente, unie et compétitive au plan international, il a souligné que pour la réalisation de cette volonté commune, la culture peut être une alternative essentielle dans la réduction de la fracture sociale et la promotion d’une économie sociale et solidaire.
De son côté, l’ambassadeur du Burkina Faso au Maroc, Zakalia Kote, a indiqué que la diplomatie culturelle constitue aujourd’hui un « enjeu majeur » aussi bien pour les grandes puissances et les Etats émergents que pour ceux en voie de développement, ajoutant que cette diplomatie implique depuis ses origines des logiques de pouvoir et d’influence, comme le démontrent les modèles français ou américain.
Et de poursuivre que comme beaucoup d’autres domaines, la force de la diplomatie culturelle repose nécessairement sur les Hommes et les institutions chargés de la déployer, mettant en exergue les dimensions socio-économiques et anthropologiques de la culture, qui permet la création des richesses et de l’emploi et l’épanouissement personnel, et contribue à la cohésion sociale, la paix, la liberté et au savoir des Hommes.
Après avoir donné un large aperçu sur la diplomatie culturelle burkinabé, M. Kote a soutenu qu’à l’instar de son pays, l’Afrique dispose d’immenses atouts culturels et artistiques qui doivent être exploités, valorisés et promus, estimant que l’exportation des biens et services culturels africains est une belle option pour développer et dynamiser l’économie nationale à plusieurs niveaux et créer de l’emploi.
Et le diplomate de noter que la contribution de la diplomatie culturelle au développement humain en Afrique va consister à renforcer l’apport de la culture à la création des revenus et de l’emploi au profit des populations et ce, à travers la coopération à encourager et soutenir la création et le développement des industries culturelles, à protéger et valoriser le patrimoine culturel pour le développement du tourisme culturel, à appuyer, au plan national, l’organisation des manifestations culturelles qui représentent une source de revenus pour les économies locales, à éduquer et former les jeunes aux métiers de la culture et des arts, et à créer davantage de conditions pour une meilleure promotion du potentiel culturel et artistique des pays africains.
Selon l’ambassadeur burkinabé, la création de la richesse ne saurait suffire à garantir le développement humain, d’où la nécessité que les relations culturelles internationales se donnent pour mission d’encourager la diversité, la citoyenneté, la durabilité, la sécurité, la bonne gouvernance et le dialogue interculturel nécessaire à la paix et à la cohésion sociale.
Pour sa part, le représentant de l’ambassade du Sénégal au Maroc, Diamane Diome, a souligné la centralité de la culture et le rôle prépondérant qu’elle a joué et joue encore dans le renforcement de la diplomatie sénégalaise afin de consolider les relations de Dakar avec les autres pays, dont le Royaume du Maroc.
Dans ce cadre, il s’est attardé sur les efforts soutenus menés par son pays dans le domaine de la diplomatie culturelle pour faire rayonner et perpétuer un legs ancestral, rappelant que le président Léopold Sedar Senghor avait été le premier à nommer des hommes de culture au poste d’ambassadeurs de son pays à l’étranger en vue d’œuvrer, entre autres, à faire rayonner les divers aspects de la riche culture du Sénégal qui constitue un carrefour d’échange et de dialogue interculturel.
Mettant en avant l’excellence des relations de coopération sénégalo-marocaine dans les différents domaines, notamment sur les plans culturel et cultuel, il a indiqué que son pays veille constamment à faire de la culture une composante essentielle de sa politique étrangère afin de contribuer au rayonnement du Sénégal à différents niveaux à l’échelle internationale.
Dans le même ordre d’idées, le représentant de l’Académie de la diplomatie espagnole, Fransisco Antonio Gonzalez, a plaidé pour le développement et le partage des connaissances entre l’Espagne, le Maroc et l’Afrique, tout en insistant sur l’importance de la coordination des efforts pour favoriser des actions communes dans tous les domaines, notamment culturel.
Il a souligné la nécessité de promouvoir une véritable vision culturelle fondée sur le patrimoine historique commun, mettant l’accent sur l’impératif de la promotion du partage du savoir et des expériences pour un développement socio-économique durable.
M. Gonzalez a, dans ce sens, mis en évidence le rôle que peut jouer la diplomatie culturelle en la matière ainsi que son apport dans l’harmonisation des rapports entre les nations.
Les représentantes des conseils régional de Marrakech-Safi et communal de Marrakech, respectivement Mmes Touria Ikbal et Awatef Berdai, ont insisté sur la nécessité de faire de la diplomatie culturelle, spirituelle et parallèle un moyen pour le développement de la coopération entre le Maroc et le Continent africain.
Elles ont aussi mis en évidence les richesses culturelles et patrimoniales dont regorge la région pour favoriser un développement durable basé non seulement sur le potentiel économique et touristique mais également sur le savoir et la culture, qui n’est pas une chose élitiste ou sectorielle, ajoutant que le nouveau modèle de développement doit prendre en considération l’aspect humain pour répondre aux aspirations des populations.
Elles ont, par ailleurs, passé en revue les projets lancés dans la région en vue de réhabiliter son patrimoine ancestral, notamment le programme de mise en valeur de l’ancienne médina de la cité ocre, porte-étendard de la culture du Continent après avoir été désignée Capitale africaine de la Culture 2020.
Quant aux autres intervenants, ils ont souligné l’importance de la culture dans le rapprochement entre les peuples et la lutte contre la division, affirmant que la diplomatie culturelle constitue la pierre angulaire pour la réalisation d’un développement humain et durable bénéfique à l’ensemble de la population africaine.
Au début de cette conférence, l’assistance a été conviée à suivre un film documentaire, produit par la Fondation « Trophée de l’Africanité », qui met en relief les atouts et le potentiel dont regorge la région de Marrakech-Safi, une « région en marche » pour assurer un développement inclusif et durable favorisant la dynamique tous azimuts que connaît l’ensemble du territoire de ladite région.
Auteur: Meriem IGASS ( La Map )