Chaabane : Bienvenue au mois de la lumière du Prophète salut et paix sur lui.
Ô toi qui interroges le silence des nuits et le frémissement des étoiles, écoute la parole vibrante de Chaabane, ce mois suspendu entre le souffle de Rajab et l’aube de Ramadan.
Mois des secrets murmurés à l’oreille des veilleurs, mois où le Prophète, paix sur lui, jeûnait jusqu’à faire croire qu’il ne romprait plus, mois où les cœurs s’élèvent comme des prières sans voix.
Chaabane est la maison de lumière entre la miséricorde et le pardon, entre la terre qui gémit et le ciel qui consent, rappelle-toi l’histoire, ce mois où la qibla fut changée de Jérusalem à La Mecque.
Symbole du recentrement, de l’unité qui se tisse dans l’invisible, Chaabane est le jardin où les anges sèment les graines des destinées, où les pages des hommes sont élevées, où les âmes sont pesées avant l’orage sacré de Ramadan.
Il est le miroir tendu à celui qui ose s’y regarder, le mois de l’ultime préparation, de l’ajustement des intentions, de la réconciliation avec l’éphémère, les savants disent qu’il est « oublié » entre les mois glorieux !
Mais les initiés savent qu’il est le souffle retenu avant la plongée dans l’océan du jeûne, le mois où l’on frappe à la porte d’ Allah avec les mains de l’espérance.
Où chaque nuit est une lettre d’amour écrite en encre de lune, où le 15ème jour, Laylat al-Bara’a, la nuit du pardon, déploie ses ailes sur les repentirs comme une mère sur l’enfant perdu, Chaabane est le symbole de l’entre-deux, de l’équilibre entre l’effroi et l’espérance, entre la crainte du Rejet et la certitude de l’Accueil.
Il est le mois où les larmes apprennent à danser, où les failles deviennent des étoiles, où l’homme se souvient qu’il n’est que poussière et feu, poussière qui cherche à s’élever.
Feu qui cherche à s’apaiser, Chaabane n’est pas un intervalle, il est la respiration même du temps sacré, le murmure d’ Allah avant le tonnerre de Sa Grâce.
Ô toi qui scrutes les ombres et les lueurs des calendaires célestes, sache que Chaabane est le mois où les prières sur l’Élu, salut et paix sur lui, deviennent des ailes portant les soupirs des fidèles vers le Trône.
Mois où chaque Salawat est un collier de perles jeté dans l’océan de clémence, car honorer le Prophète en Chaabane, c’est allumer une lampe dans la grotte de Hira, c’est marcher sur ses pas dans les dunes de l’âme.
C’est revivre sa patience à Uhud et sa gratitude à Badr, Chaabane est le miroir de l’exemple. L’instant où les cœurs se tournent vers Médine comme les fleurs vers le soleil.
Mois où les récits de sa vie deviennent des rivières irriguant les déserts de nos routines, où ses jeûnes silencieux rappellent que la faim sanctifiée est une clé pour les portes du Très-Miséricordieux.
Les nuits de Chaabane sont tissées de ses enseignements, chaque étoile une lettre de son nom, chaque souffle un écho de sa Sounna, les savants disent que celui qui multiplie les prières sur lui en ce mois verra ses chaînes brisées par l’intercession du Libérateur des âmes !
Car Chaabane est la saison où l’amour pour le Bien-aimé, paix sur lui, devient un jardin dont les fruits mûriront sous les lunes de Ramadan, mois où les derviches du souvenir psalmodient Allahumma salli ‘ala Muhammad jusqu’à ce que les murs du temps tremblent !
Jusqu’à ce que les anges reconnaissent, dans cette ferveur, l’odeur du paradis perdu, Chaabane est la célébration de l’homme-parole, de l’homme-miséricorde, de celui dont la vie fut un verset déchiffré par les larmes des chercheurs, en ce mois, les minarets du cœur s’inclinent vers sa lumière.
Les poitrines récitent sa biographie comme on récite un Livre, car connaître ses batailles, c’est comprendre la stratégie de l’invisible contre l’orgueil, connaître ses nuits de veille, c’est apprendre à dialoguer avec l’obscurité.
Chaabane est le mois où les lèvres deviennent des plumes écrivant son éloge sur le parchemin des heures, où chaque invocation est une rivière jetée entre notre imperfection et sa perfection, entre nos chutes et son intercession.
O toi qui cherches la proximité, vois en Chaabane l’atelier du forgeron céleste où se préparent les armes de l’âme pour le jihad contre les illusions, mois où le Prophète, salut et paix sur lui, est à la fois le guide et le but, la voie et la vérité, le rappel et la réponse.
Chaabane n’est pas un simple prélude, il est l’antichambre où l’on revêt les habits de l’amour pur, où l’on boit à la source de sa Sunnah de son Kawtar avant d’affronter le jeûne du corps et de l’esprit, car qui célèbre le Prophète en Chaabane, célèbre en vérité la grâce d’Allah incarnée dans le temps, la preuve que l’homme peut être un reflet de l’infini.
Le parfum exquis et inoubliable de la lumière de Médine envahit déjà nos coeurs et nos maisons.
Nasrallah Belkhayate
Version Arabe