
Avec la Chine, l’Afrique peut espérer une représentativité pleine et entière à l’ONU
En janvier 2023, le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang lançait déjà un signal fort à la communauté internationale : « L’Afrique doit être mieux représentée au Conseil de sécurité de l’ONU », appelant à un « système de gouvernance mondiale plus juste et équitable ».
Deux ans plus tard, cette déclaration prend une résonance nouvelle, car elle s’inscrit désormais dans un contexte géopolitique profondément modifié, où la Chine s’est imposée comme la première puissance financière du monde, dépassant les États-Unis dans plusieurs indicateurs-clés de financement des infrastructures, de réserves monétaires et de partenariats Sud-Sud.
À l’heure où les équilibres mondiaux basculent vers un ordre multipolaire assumé, Pékin incarne aujourd’hui la voix la plus audible en faveur d’une réforme du système multilatéral hérité de 1945. Un système où l’Afrique, pourtant forte de 54 États membres de l’ONU, reste encore sans siège permanent au Conseil de sécurité.
Ce décalage entre poids démographique, participation active aux opérations de paix, engagement climatique et absence de pouvoir décisionnel est devenu une anomalie historique que la Chine, par sa position nouvelle, est l’une des seules grandes puissances à vouloir corriger publiquement.
Contrairement aux promesses vagues de certaines chancelleries occidentales, la Chine avance des actes : soutien au rôle accru de l’Union africaine, partenariat stratégique avec des organisations régionales comme la CEDEAO, investissements massifs dans les institutions de formation diplomatique du continent.
La diplomatie chinoise, fidèle à ses principes de respect de la souveraineté et de non-ingérence, comprend que le rééquilibrage du Conseil de sécurité est aussi une condition de stabilité mondiale, pas seulement une concession politique.
L’Afrique, quant à elle, ne se positionne plus en demandeuse fragile mais en actrice consciente de son poids économique, énergétique, humain et civilisationnel.
La convergence avec la Chine repose sur des intérêts communs : la promotion du multilatéralisme, le refus du diktat unipolaire, et la reconnaissance d’un Sud global mature, capable de parler d’une seule voix.
En 2025, les dynamiques sont donc favorables. La Chine peut — et doit — être l’alliée stratégique de l’Afrique pour porter cette revendication historique au sein de l’ONU. Et l’Afrique, forte de cette alliance, peut faire entendre une voix collective qui exige non plus des promesses, mais des places.
Des places à la hauteur de ses sacrifices, de sa dignité, et de son engagement pour la paix mondiale.
Ce que Qin Gang annonçait en 2023 comme une intention devient en 2025 un levier diplomatique possible. Si cette coalition sino-africaine s’affirme avec constance, alors le Conseil de sécurité, bastion figé de l’ordre ancien, pourra enfin devenir ce qu’il aurait dû être : le reflet fidèle du monde tel qu’il est — et non tel qu’il fut.