
Le Maroc, architecte d’un multilatéralisme d’avenir
Le Maroc n’est plus seulement un carrefour entre l’Europe, l’Afrique et le monde arabe. Il s’affirme aujourd’hui comme une puissance d’équilibre, un acteur pivot du multilatéralisme moderne, capable de conjuguer résilience interne, projection internationale et diplomatie de long terme.
Son ascension géopolitique ne repose pas sur la confrontation, mais sur l’intelligence du dialogue, l’anticipation stratégique et la capacité à incarner une stabilité rare dans un monde fragmenté.
À la racine de ce rayonnement : un modèle de développement pragmatique, fondé sur une logique d’investissement massif, structurant, et orienté vers le long terme.
En 2023, la Formation Brute de Capital Fixe a représenté près de 30 % du PIB, signe d’un État stratège engagé dans la transformation réelle du pays. Cette dynamique n’est pas conjoncturelle.
Elle dépasse les événements comme la CAN 2025 ou la Coupe du Monde 2030. Elle s’inscrit dans une vision de puissance douce : celle qui construit au lieu de détruire, celle qui relie plutôt que diviser.
Ce déploiement continu des infrastructures – autoroutes, énergies renouvelables, ports, digitalisation, transport – n’est pas seulement un enjeu économique. C’est une arme silencieuse mais redoutablement efficace de diplomatie.
Le Maroc ne se contente pas de parler au monde. Il le connecte à lui. Tanger Med en est l’exemple emblématique : une plateforme logistique à vocation panafricaine et euro-méditerranéenne, symbole d’un soft power ancré dans la performance et la projection.
Dans un monde marqué par les fractures, le Maroc a démontré une résilience rare face aux chocs exogènes : crise sanitaire, séisme, sécheresse. Cette résilience économique, renforcée par une gouvernance macroéconomique rigoureuse, envoie un message fort : le Royaume est un partenaire fiable. Et la fiabilité est aujourd’hui la monnaie la plus précieuse de la géopolitique.
Ce crédit international se traduit par une présence stratégique dans les sommets multilatéraux, une politique africaine réfléchie, et une capacité à parler à toutes les puissances sans se soumettre à aucune.
Le Maroc dialogue avec l’Europe, coopère avec les États-Unis, renforce ses liens avec la Chine, et s’impose comme une passerelle naturelle entre les BRICS et les pays occidentaux.
Il agit non comme un satellite, mais comme un médiateur d’intérêts divergents.
Le Fonds Mohammed VI pour l’Investissement, les grands projets d’infrastructures, la transition énergétique et le développement industriel positionnent le pays comme un laboratoire africain de la croissance partenariale.
Un modèle qui repose sur l’équilibre entre puissance publique, initiative privée, et financement bancaire structuré, avec un secteur financier robuste et une banque centrale crédible.
À l’horizon 2030, l’ambition est claire : faire du Maroc un hub africain, un trait d’union méditerranéen, et un acteur global respecté.
Ce n’est pas une ambition théorique, mais une réalité déjà en cours. En misant sur la croissance partagée, la stabilité régionale, et la projection constructive, le Maroc ne se contente pas d’exister dans la géopolitique.
Il l’écrit.
Dr Nasrallah Belkhayate