
La voie chinoise vers la modernisation : un horizon partagé Par Nasrallah BELKHAYATE
La modernisation chinoise n’est pas seulement une affaire intérieure. Elle s’inscrit dans une dynamique globale qui interpelle le monde entier, tant par son ampleur que par ses implications économiques, politiques et stratégiques. J’ai toujours regardé la Chine avec un profond respect, fasciné par sa capacité à allier tradition et modernité, à puiser dans son passé millénaire la force d’innover et d’avancer vers l’avenir. Aujourd’hui, la voie chinoise vers la modernisation illustre avec éclat cette ambition, offrant au monde une nouvelle grille de lecture du développement.
Loin de l’idée selon laquelle modernisation rimerait nécessairement avec occidentalisation, la Chine a suivi un chemin singulier, marqué par une croissance économique spectaculaire, une industrialisation rapide et un ancrage stratégique dans les échanges mondiaux. Elle est aujourd’hui la deuxième économie de la planète, le premier partenaire commercial de nombreux pays et une puissance incontournable dans les domaines de l’innovation et de la transition énergétique. Ses initiatives, telles que « la Ceinture et la Route », témoignent d’une vision où le développement se veut partagé, où les routes commerciales redessinent la carte de la prospérité mondiale.
Ce modèle chinois de modernisation repose sur plusieurs piliers : une croissance économique soutenue, une intégration progressive aux marchés internationaux, une politique industrielle audacieuse et un rôle accru dans la gouvernance mondiale. Il s’appuie également sur des avancées technologiques considérables, notamment dans les énergies renouvelables, la numérisation ou encore l’intelligence artificielle. De Pékin à Shanghai, de Shenzhen à Chongqing, la Chine façonne une modernité à son image, entre gigantisme et pragmatisme, entre discipline collective et innovation disruptive.
Mais ce qui frappe surtout, c’est l’impact de cette modernisation au-delà des frontières chinoises. De l’Asie à l’Afrique, de l’Amérique latine à l’Europe, les effets de cette transformation sont tangibles. Des infrastructures nouvelles voient le jour, des échanges commerciaux se densifient, des coopérations technologiques s’intensifient. La modernisation chinoise n’est pas un modèle figé, elle est un laboratoire d’expériences qui inspire de nombreux pays en quête de solutions adaptées à leurs propres réalités. Loin des prescriptions uniformes, elle invite chaque nation à tracer sa propre voie.
Bien sûr, cette expansion suscite aussi des interrogations. L’Europe, et la France en particulier, doit veiller à préserver ses intérêts, à maintenir un équilibre entre coopération et souveraineté. Le dialogue avec la Chine est essentiel. Il doit être franc, exigeant, respectueux de nos différences et soucieux de bâtir un avenir commun. Car dans un monde marqué par l’interdépendance, il n’y a pas de place pour le repli ou la confrontation stérile. La Chine avance, elle entraîne avec elle une partie du monde. À nous de saisir cette dynamique avec lucidité et ambition.
Oui, la modernisation chinoise est chinoise, mais elle est aussi mondiale. Elle est un défi, une opportunité, une invitation à penser autrement notre avenir collectif. Que nous choisissions de l’ignorer ou d’y participer activement, elle restera une force structurante du XXIᵉ siècle. Dans cette marche vers l’avenir, il nous appartient de faire entendre notre voix et de tracer, à notre tour, notre propre chemin.