L’Akpan, la yaourt végétal béninois qui fait fureur

Au Bénin, les femmes ont compris la nécessité de s’investir dans un secteur et faire en sorte de générer des revenus. C’est dans cette large mesure que se justifie l’akpan. Un yaourt végétal local qui a cette particularité d’être fait à base de maïs ou de sorgho. Aimé de tous, ce délice est produit et commercialisé par la gente féminine du pays et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y trouvent leur compte.

Pour se procurer ce yaourt, il faut vraiment plonger en plein Cotonou, plus précisément au cœur des marchés pour trouver le meilleur l’akpan. Posée entre deux cantines, Ramatou est entourée de toute une artillerie : quelques boîtes de lait concentré, une petite glacière remplie de glaçons, un seau en plastique rempli de sucre en poudre, un autre pour la vaisselle et enfin un seau au contenu blanc comme du yaourt, notre fameux akpan. Après un repas copieux, petits et grands accourent pour prendre en guise de dessert ou de goûter, cette mixture de maïs fermentée. Pour 100 francs CFA, soit 15 centimes d’euros, vous prenez un petit bol ou un sachet en plastique de 20 centilitres de ce délice. À la fin de la journée, le seau de Ramatou est vide.

L’histoire de ce yaourt artisanal de maïs (plus rarement de sorgho) a de légère similitudes avec celle de la tarte tatin. « L’akpan vient des populations Goun de Porto-Novo. Une fois, une femme préparait un produit qu’on appelle l’akassa [une pâte de maïs qui se mange avec de la sauce et une viande ou du poisson, NDLR], mais elle a raté la cuisson. Donc au lieu d’avoir quelque chose de complètement cuit, elle a eu quelque chose de mi-cuit. Ne sachant plus quoi en faire, elle l’a transformé en une boisson en ajoutant du sucre et du lait. C’est de là qu’est né l’akpan. » raconte Carole Sacca une jeune étudiante qui avait soutenu une thèse sur l’akpan.

Quant à Joseph Hounhouigan, technologue alimentaire, directeur du laboratoire de sciences des aliments de la faculté d’agronomie d’Abomey-Calavi il explique que

« LA TECHNOLOGIE UTILISÉE EST RUDIMENTAIRE. LA QUALITÉ DU PRODUIT EST DONC TRÈS VARIABLE. »

Mais l’akpan a du potentiel car derrière ce succès se cache une douceur qui désaltère tout ce dont on a besoin en période de canicule à Cotonou. Ses avantages sont multiples à l’instar de la valeur nutritionnelle qu’il regorge, ce yaourt change un peu de la lactose dans le yaourt des grandes industries. Avec l’akpan, le dosage de sucre se fait à la guise du client.

Tout comme le bissap sénégalais, l’akpan a donc fait l’objet de bon nombre de chercheurs notamment avec le projet AFTER (African Food Tradition rEvisited by Research), financé par l’Union européenne au titre du 7e programme-cadre de recherche et exécuté par le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

« NOUS AVONS TRAVAILLÉ SUR L’AKPAN PARCE C’EST L’UN DES PRODUITS DE TRANSFORMATION DU MAÏS AU BÉNIN ET QUE LE MAÏS EST LA PRINCIPALE CÉRÉALE CONSOMMÉE DANS LE PAYS, PRÉCISE LE TECHNOLOGUE ALIMENTAIRE. ET QU’IL FAIT L’OBJET D’UN ARTISANAT ALIMENTAIRE TRÈS IMPORTANT. LES POPULATIONS, SURTOUT LES FEMMES, QUI N’ONT PAS DE MÉTIER EN TANT QUE TEL, VALORISENT LE SAVOIR-FAIRE ACQUIS DANS LEUR VILLAGE D’ORIGINE EN MILIEU URBAIN. ET ÇA GÉNÈRE BEAUCOUP DE REVENUS. »

Traditionnellement, seules les femmes produisent et vendent l’akpan. Et elles connaissent sa rentabilité économique.À cet effet, force sera de se demander quand est-ce que l’on pourra y avoir droit dans les supermarchés en Europe.Breveter la technologie et trouver des marques pour se l’approprier et commercialiser le produit. Voilà ce qui devrait être l’objectif.

Avec Afropreunariat

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