« Lorsqu’une destinée de pédiatre coïncide avec une vocation humanitaire »

Une identité belge et une évidence africaine

C’est, installée au sein de son cabinet de pédiatrie, dans un quartier populaire de la capitale belge que Christine Anslot consulte. Depuis 2010, notre pédiatre assume avec bonheur, ce choix d’y soigner une population majoritairement d’origine d’Afrique centrale et marocaine : en effet, cela correspond à une vocation ancrée en elle d’œuvrer auprès d’une enfance nécessiteuse et africaine de surcroît. Issue d’une famille belge, catholique et traditionnelle, Christine est née à Charleroi et a grandi à Thuin. C’est à l’âge de neuf ans que la vocation de soignante s’impose à elle, en même temps que le désir d’Afrique. À travers un reportage télévisé consacré à « Médecins sans frontières », la jeune Christine découvre l’aide apportée par l’association caritative, aux femmes africaines lors d’accouchements : une révélation et une évidence qui la conduisent, plus tard, à poursuivre des études de médecine, à Namur d’abord, puis à Bruxelles ; quant au désir d’Afrique, il s’est confirmé lors d’un parcours expérimental au fil de missions humanitaires. En 2003, notre pédiatre endosse la blouse hospitalière au sein d’un l’hôpital catholique de Bruxelles, décidée à se consacrer à la réanimation pédiatrique. C’est sans compter sur un destin prêt à la surprendre. Au sein de l’hôpital, un voyage humanitaire à Kinshasa au Congo lui est proposé dans le cadre de l’association « La chaîne de l’espoir ». Forte de son expérience en réa- pédiatrique, la mission confiée à Christine est de veiller aux soins post-opératoires d’enfants opérés du cœur à la clinique N’Galiéma de Kinshasa. Par la suite, de sa propre initiative et grâce aux contacts établis avec les médecins locaux, elle fit plusieurs voyages dans le but de former des infirmiers congolais aux gestes de réanimation pédiatrique en salle d’accouchement. Elle est amenée à parcourir un territoire qu’elle aime déjà. Cette terre africaine baigne alors d’une lumière spirituelle qui semble l’appeler : elle lui doit sans doute son attirance pour cette civilisation et sa conversion à l’Islam.

Une association dévouée à l’enfance

Aussi, six ans plus tard, le retour en terre natale ne vient pas couper le cordon qui unit Christine au continent africain. Lorsque, en partie en raison de convictions religieuses assumées, elle perd son poste à l’hôpital catholique de Bruxelles, elle saisit cette opportunité pour s’installer à son compte auprès d’une population chère à son cœur, dans ce quartier bruxellois où elle exerce désormais. Mais son histoire pourrait paraître anecdotique si elle ne s’accompagnait pas, en 2009, d’un engagement concret, la naissance de sa propre association au service de l’enfance et du développement local : l’ « ABSL, Al Ma’oun », à la vocation humanitaire et africaine ! Pour s’en convaincre, parcourons le palmarès impressionnant réalisé par l’ « ABSL Al Ma’oun » de Christine, grâce aux dons généreux collectés et à l’aide de ses collaborateurs indigènes appartenant à des associations africaines locales : d’abord un accès à l’eau potable avec plus de 700 puits et forages construits dans des pays comme la RDCongo, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Ghana, le Bénin, le Cameroun, mais aussi l’Inde, le Maroc et l’île de Madagascar… ensuite, une cinquantaine de mosquées dans cinq pays différents : RDCongo, Togo, Ghana, Cameroun, Côte d’Ivoire, une dizaine d’écoles coraniques, trois écoles islamiques et un orphelinat ; un deuxième orphelinat est en construction au Togo ainsi qu’une école au Sénégal. D’autre part, plusieurs milliers d’arbres fruitiers ont été plantés et une aide régulière est apportée à plus de 160 veuves, orphelins et aux enfants des rues par des parrainages mensuels concernant trois pays différents. Enfin d’autres actions plus ponctuelles comme l’aide médicale urgente, les opérations de cataracte, l’aide aux malades démunis, l’aide en cas d’inondations ou d’incendies dans ses zones déclarées sinistrées, l’envoi de livres scolaires, de corans… sont aussi l’apanage de l’association. L’œuvre associative à laquelle notre pédiatre aux convictions profondes, consacre une dizaine d’heures hebdomadaire, amène une dimension très personnelle à sa démarche.

Un souhait, son rêve réalisé

Depuis 2017, sa spiritualité s’est enrichie de la découverte du soufisme, et plus particulièrement de la Tarika Karkariya, une voie soufie qui recherche la lumière divine. Cet éclairage spirituel ajoute, si besoin est, un regain d’énergie à son investissement humanitaire au sens large : la bienfaisance, le service et la compassion pour tout être quel qu’il soit, font partie intégrante de valeurs portées par le soufisme, ainsi que par le royaume chérifien du Maroc…et par Christine. Que cette mission humanitaire, passionnante mais chronophage, à laquelle cette pédiatre passionnée et dévouée aux enfants, se consacre sans relâche, grandisse et lui permette d’en vivre et de voyager à nouveau ! Un souhait vertueux et réalisable si les dons continuent d’affluer. Alors l’association devrait fructifier et ainsi l’ambition de la petite fille devenue médecin, le partage et l’entraide, viendrait s’unir aux valeurs spirituelles découverte au sein de cette terre africaine.

Mosquée construite par Association AL MAAOUN

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